CÔTÉ FACE


Je ne me suis trouvé aucun talent particulier jusqu'ici, à part peut-être celui de mettre parfois quelques mots sincères sur des joies éphémères et des peines douces amères.

Tout avait très mal commencé

I’m drinking again d’Aretha Franklin sur la platine – numérique – un verre de rouge – Grande Cuvée – Domaine de l’Hortus – Coteaux du Languedoc – sobrement attablé à mes côtés, je jette un coup d’œil distrait sur ma journée qui s’en offusquerait presque.

Tout avait très mal commencé. 

Le soleil s’était levé, bien trop vite après que je me sois endormi, activant par ricochet l’instinct « croquette du matin » d’un chachou, qui, comme à son accoutumée, s’empressa de me réveiller. L’avantage de faire de l’ordre avant de se coucher, c’est de pouvoir se lever pour donner son chat à croquer, sans se prendre les pieds dans un cendrier ou une tasse a thé. La Teascipline a du bon ! 
Sept heures moins le quart ! Chachou, tu fais ch…Six heures quarante-sept, recouché. Trois quarts d’heure encore pour profiter intensément de la tiédeur de notre lit, de la chaleur de sa peau que j’embrasse et caresse sans même ouvrir les yeux. Hummm, finit-elle par avouer.

Tout avait pourtant très mal commencé !

Aretha Franklin - Drinking again
TOI

Vous croyez au destin vous ? 

Toutes ces coïncidences qu'on sème sur votre route, 
ce regard qu'on croise un jour et qu'on n'oubliera plus, ces choix que l'on fait sans s'expliquer pourquoi ! 
Vous croyez à tout ça ?
Vous croyez à l'amour vous ? 
Au souvenir fugace qui emplit de chaleur et de joie, 
au manque que les larmes inondent et noient, 
à cet endroit où rien jamais ne pourra vous atteindre ! Vous avez traversés ça ?
La douceur d'un sourire, 
un doigt tendu, tremblant sur sa bouche.
Le temps qui jamais ne s'arrête, 
les nuages qui défilent à tue-tête,
Ce besoin, cette envie, toujours, encore, continuer.
Et l'instant d'après, figé comme pour l'éternité.
La peur de tout perdre, de te perdre, 
un matin que tout s'arrête.
La douleur d'un seul soupir, 
un silence qui glace tout ce qu'il touche.
Vous croyez à l'amour vous ? 
Au cœur qui s'emballe, au sang qui court dans vos veines, 
aux larmes, aux peines, aux cris de joie, 
au monde qui semble un instant à jamais vous appartenir,
Vous avez partagés ça ?
Vous croyez au destin vous ? 
Ces petits cailloux blancs qu'on ramasse sur sa route, serrés entre nos doigts comme le plus pur argent, certain de détenir la preuve que notre avenir existe !
Vous croyez à tout ça ?
Moi ? J'y crois !
DÉSIR

Je crois qu’il n’y a rien de plus libre que le désir et qu’à vouloir l’enfermer, on le tue !

Je ne veux pas d'un animal en cage, d'un chien dressé à obéir, à revenir ! Je veux d'un renard farouche que jamais l'on apprivoise parce que le moment où il se laisse enfin caresser avant que de fuir à nouveau est intense, unique, inoubliable comme un premier baiser. Mais avant cela, il faut le désirer, longtemps, patiemment, ardemment. Toute notre attention est alors focalisée sur l'autre et non sur nous même. Le moindre signe de notre impatience, la moindre attente, la moindre indifférence et le renard s'en va. 

Quand deux êtres qui se sont totalement désirés s'embrassent pour la première fois, il n'y a, l'espace d'un instant, nulle question, nulle angoisse. Elle est tout pour lui et il est tout pour elle. Nul besoin de savoir, de comprendre, nul besoin d'expliquer. Elle est qui elle est, vous êtes qui vous êtes et le monde n'existe plus autour de vous.

Le plus drôle dans tout cela voyez-vous, c'est que toutes nos simagrées, nos bavardages sur la vie l'amour et le partage, toutes nos questions, nos interrogations ne changeront rien au fait qu'elle restera jusqu'au bout qui elle est, que vous resterez à jamais qui vous êtes. Seuls seront perdus à trop y réfléchir ces moments où le monde autour de vous n'existait plus…
LIBERTÉ

Je n'ai aucun droit d'aucune sorte sur quiconque ! Aucun droit, aucune prétention, aucune attente à avoir.

Attendre quelque chose de quelqu'un, s'est déjà le priver de sa propre liberté de vous le donner. Si l'autre reste libre, entièrement libre d'aller où bon lui semble, de faire ce que bon lui semble, je sais dès lors, sans avoir à le lui demander, qu'il a lui-même choisi d'être là. Liberté de tout faire, de tout dire, de tout exprimer mais liberté également de ne rien faire, de ne rien dire ou de ne rien exprimer. Liberté de partir ou de rester. Chaque droit que vous croyez avoir, chaque prétention, chaque attente que vous pensez légitime réduit bien sur la liberté de l'autre mais elle réduit d'abord la vôtre. Celle de penser autrement, celle d'imaginer autre chose, celle de vous comporter vous-même, différemment. La liberté est un bien grand mot et pourtant elle s'applique à de bien petites choses aussi. Vous attendez votre mari pour sept heures… Alors vous ne vous offrirez pas la liberté d'aller le chercher à son travail à six heures et demie !

James Blunt - You are Beautiful
COMMENT...

Savoir, avant même que quoi que se soit se soit ne se passe, que l'on ne peut faire de promesses parce que l'on n'est pas certain de pouvoir les tenir, savoir, avant que ses yeux ne se fondent dans les miens, que je la ferai souffrir un jour, que je verrai ses yeux pleurer par ma faute. Savoir qu'alors qu'on se comprenait sans même se parler, je ne parviendrai certainement plus, un jour, à saisir le sens de ses mots et elle le sens des miens. Savoir que sa main que je serrais si fort refusera mon étreinte, savoir que je la décevrai alors que l'idée même m'est insupportable, savoir que je pourrai faire naître en elle la colère ou la haine, moi qui n'ai rêvé que d'amour. Savoir sa tristesse, sa peine, sa souffrance, sa déception avant même que mes lèvres n'aient effleuré les siennes, Imaginer son regard chargé d'incompréhension, la porte de cette chambre qui se referme. Imaginer le silence là où l'on avait rêvé la vie. Parce que je suis faible, lâche, parce qu'il m'arrive d'avoir peur, parce que je n'ai pas toujours les mots ou l'attention qu'il faut, parce que je suis simplement un homme comme les autres, je savais avant même de la connaître que tout cela serait !

On a beau essayer de le lui dire, essayer d'être honnête, lui demander de vivre pour elle-même, de prendre ce que l'on peut donner, partager, de cueillir ce qui peut l'être, tenter de la protéger, on sait qu'il n'existera jamais d'assurance sur l'amour et qu'à chaque fois qu'une larme coulera sur sa joue, que son regard évitera le mien, que ses mots seront colère, je souffrirai à en crever, simplement de l'avoir blessée, d'avoir abîmé ce qui ne devait l'être, de n'avoir pas su aimer et protéger assez celle qui est, celle qui sera peut être l'être le plus précieux et le plus merveilleux à mes yeux.

Comment encore oser aimer, l'aimer, sachant cela.
Comment…
QUESTONS SANS RÉPONSES

L’esprit plutôt que d’être a ce qu’il devrait, vagabonde, se cherche un but, un objectif réaliste à atteindre. L’immensité du projet dans lequel je me suis engagé, plutôt que de me stimuler, m’affole, une nouvelle fois. Prendre les choses une par une, oui mais dans quel sens, dans quel ordre… Comme j’aimerais, cher Morpheus, pouvoir arpenter le chemin, mais il faudrait pour cela le connaître, le reconnaître. Labyrinthe aux mille pièges, aux mille issues fatales, couloir maudit de Puzzle Bubble d’où dégringolent des boules de couleurs qu’il te faut évacuer avant qu’elles ne t’étouffent. Comment prendre les choses une à une quand elles s’évertuent à te tomber toutes ensemble dans les mains, comme des patates chaudes avec lesquelles il te faudrait jongler en permanence pour éviter de te brûler les doigts où quand, au contraire, tu cherches désespérément à secouer les branches d’un arbre, espérant en récolter les fruits et que rien, jamais ne tombe…

Je ne me sens pas fataliste, je me sais combatif et peu enclin à la désespérance. Je regarde, fasciné, ceux qui refusent de se compromettre, d’oser, et qui trouvent naturellement leur petite place en ce monde. Ceux qui ne se posent pas de questions, qui ne remettent jamais en cause l’ordre établi et qu’on laisse tranquilles. Ceux qui se satisfont de la médiocrité ambiante et que la médiocrité remercie, gratifie. Où est ma place ? Hors des sentiers battus, je ne vois qu’une jungle immense et dense où chaque mètre franchi l’est à la machette, sans jamais en voir le bout et sans pouvoir faire marche arrière. Un point d’eau, une clairière, un peu de repos, un peu de repos…

Bien sûr, les âmes croisées sur ce chemin ont autre chose dans les yeux que le reflet navrant d’un poste de télévision, autre chose dans le cœur. Leurs complexités intérieures, leurs questionnements en font souvent des êtres d’exception, tout au moins des êtres différents, intéressants. Mais de cette même complexité naît aussi la difficulté de cohabiter avec eux, celle de construire quelque chose de simple, de simplement beau….
LE MONDE EST FOU

Apathie ! Quelle soit consciente ou dirigée, sournoisement véhiculée par la boite à images débilitantes et obscènes, le monde d’en bas souffre d’apathie chronique. Certes, comme le dit Morgan Freeman dans SEVEN, il est plus facile de ne rien faire et de faire porter à d’autres la responsabilité de la dérive générale, plus facile de voler, de mendier que de travailler, plus facile de battre un enfant que de l’éduquer, plus facile de baisser les bras, de fermer les yeux en se repliant sur soi, plus facile de dire que c’est comme ça et que nous n’y pouvons rien que de refuser l’intolérable et de se battre pour que cela change ! Le monde n’est plus un bel endroit mais il mériterait pourtant encore de l’être. 

Regardez-nous, regardons-nous ! Le monde est devenu fou ! Les prisons sont pleines, les asiles psychiatriques regorgent de dépressifs épuisés par la vie. 10 pourcent de la population suisse bénéficie d’une rente de l’assurance invalidité, beaucoup d’entre eux pour inadaptabilité au système. Les ghettos blancs, véritables forteresses protégées de l’extérieur, fleurissent aux Etats-Unis, se protégeant d’une violence devenue aujourd’hui presque gratuite. Chacun de nous subit, sans mot dire, une pression toujours accrue de la part de son employeur. Le silence ou la porte. Le silence ou la honte de se retrouver parmi les exclus, plus que jamais montrés du doigts, jugés comme parasites d’une société qui s’oblige à devoir consommer toujours plus pour survivre, pour assurer, pour un temps encore incertain la pérennité d’un système qui, l’histoire nous la si souvent prouvé, ne sait résoudre ses crises que par la violence et la guerre.

Nous savons tous, nous sentons tous que le pire est encore devant nous mais, plutôt que de l’admettre, de sortir nos têtes d’autruches dociles de notre trou, nous nous occupons à débattre, oh dérision, de l’âge de la retraite. Aucun des puissants, amassant pour lui-même plus qu’il ne pourra jamais dépenser, ne vous dira que le système s’est emballé. Les labos pharmaceutiques nous préparent pour demain la pilule du bonheur, du bien être apparent, que nous nous empresserons de consommer, les informaticiens créeront des mondes virtuels ou se réfugier! Fascination du progrès ! Pour ma part, j’imagine souvent en apothéose à tout cela ces quelques images : Les puissants, riches et bedonnants ont tous pris place dans une navette en partance pour Mars. Le président américain, regardant par le hublot la terre s’éloigner dit en plaisantant à son homologue chinois : "T’as oublié d’éteindre la lumière". Celui-ci sourit et s’empresse d’appuyer sur LE BOUTON ! 

AUX JOURS HEUREUX


Comme deux feuilles poussées par le vent,

Comme la mer caressant la côte,

Comme le temps venant à ta rencontre,

Comme l'enfant.

Je crois aux jours heureux.

SOUVENIRS EN IMAGES

Tu Seras un Homme, Mon Fils

Peut-être qu'avec un peu de travail, un peu de persévérance, un peu de chance aussi, j'aurai pu faire encore autre chose, autrement. Je n'ai pas de regrets mais un vague sentiment d'inaccompli.

J'ai cru naturellement ardemment à chacun des projets que j'ai imaginés et auxquels j'ai participé. Je sais n'avoir jamais compté mon temps, négligeant même parfois certaines personnes autour de moi.  

Tous ces projets ont éclos, tous ont muris mais peu sont arrivés finalement à maturité. Six mois, un an, trois ans, cinq ans même parfois avant qu'un aléa ou mon envie d'autre chose ne me pousse à recommencer ailleurs, autrement. 

Finalement, c'est peut-être moi qui ne suis pas arrivé à maturité. 

Cela me rappelle une histoire qu'on m'avait raconté, celle des bretons que l'on hésitait souvent à engager loin de chez eux, sachant que l'appel de la Bretagne pouvait à tout moment les décider à y retourner. Mon appel à moi s'appelait "nouveauté" jusqu'à ce que je m'intéresse à l'humain et à son fonctionnement, un domaine pour longtemps encore d'infinis questionnements.

Tour du monde en bateau et en ballon, festival alternatif gratuit, atelier créatif, espace interculturel, j'emporterai avec moi le souvenir intact de tous ces moments passionnants et passionnés.

Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir...

Oui, oui Rudyard, on va dire ça...        
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